8/2/2021
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Jeux Olympiques de Tokyo : une empreinte carbone considérable malgré l'absence de spectateurs

Spécialiste du bilan carbone, « Greenly » a publié une étude sur le bilan carbone de l'organisation des Jeux, comparant avec les éditions précédentes l'impact que pouvait avoir un tel événement sur l'environnement.


Par ici l'addition ! Greenly a dressé un bilan carbone de l'organisation des Jeux Olympiques de Tokyo et celui-ci est sans appel. Calculée en prenant en compte la présence de spectateurs, finalement privés de toute compétition en raison de la pandémie de Covid-19, l'empreinte carbone des Jeux de Tokyo a été estimée à 2.7 millions de tonnes d'équivalent CO2. C'est environ 237 tonnes par athlète !

Ce chiffre, engendré par 55% des émissions liées à la construction, 30% aux spectateurs, et 15% au déroulement des Jeux, baisserait de 12,5% (soit 340 000 tonnes de CO2) en l'absence de spectateurs, dont l'impact carbone est majoritairement dû au transport aérien.

20% d'émissions en moins que les éditions précédentes

Greenly a également publié différents classements, répertoriant les nations et les sports qui génèrent le plus d'émissions carbone. Au sommet du classement des nations au plus mauvais bilan carbone, on retrouve forcément les États-Unis qui dominent les débats au regard de leur nombre d'athlètes (613), avec plus de 900 tonnes d'équivalent CO2 consommé pour rallier le Japon. Juste en dessous, le Brésil et sa délégation de 301 membres a aussi fait fort avec une note de 810 tonnes d'équivalent CO2.

En comparaison avec les Jeux Olympiques précédents, les JO de Tokyo devraient toutefois être 20% moins émetteurs que les précédents. Mais l'empreinte carbone d'un tel événement reste colossal. Cofondateur et directeur général de « Greenly », Alexis Normand met en avant l'importance pour tel événement d'accompagner cet acte devenu politique.

« L’important c’est de décarboner », lance-t-il. « Dès l’origine, les grands événements sportifs se sont fixés comme ambition d’apporter la paix entre les nations. Aujourd’hui, pour éviter des guerres futures, nous devons faire preuve de solidarité pour le climat. Or, ces grandes messes ont un impact considérable sur l’environnement. Réduire efficacement l’empreinte de ces événements planétaires serait un symbole fort pour aussi apporter une réponse mondiale face à la crise climatique. Cela commence par une prise de conscience collective. C’est l’objet de cette étude qui renvoie chaque pays, chaque sport, à ses responsabilités. »

2024 déjà au cœur des enjeux

Alors que la compétition bat son plein à Tokyo, de nombreux regards se braquent déjà sur Paris et les Jeux de 2024 qui auront pour ambition de réduire le bilan carbone de près de moitié, en le faisant passer de 2.7 à 1.5 millions de tonnes d'équivalent CO2 consommé.

La mission et son enjeu sont considérables, mais le plan n'est pas irréalisable. L'organisation française sait les conditions qui pourront mener Paris 2024 au succès sur le plan de la responsabilité écologique : moins de transports pour les athlètes et les spectateurs, en rationnant par exemple le nombre de spectateurs non locaux, et moins de constructions ou avec des matériaux à basse consommation carbone et avec le moins d'impact possible pour l'environnement.

La construction des lieux d'épreuves et autres infrastructures nécessaires au déroulement des Jeux Olympiques a parfois atteint 50% de la note globale des émissions de CO2, comme ce fut le cas à Londres en 2012. En raison des protocoles sanitaires supplémentaires, ce secteur représente 63% des émissions aux Jeux de Tokyo. Ce levier sera donc particulièrement important à maîtriser pour 2024.

« L’impact de la construction des infrastructures étant le plus important, il convient de limiter leur quantité dès que possible ou du moins s’assurer de leur usage long-terme pour un bilan positif sur l’empreinte carbone de la ville. Des exemples en la matière, les villes de Sydney et de Munich qui ont su réemployer leurs infrastructures olympiques à bon escient », résume Greenly.

Photo : Marco Verch / licence Creative Commons 2.0